Le Casseur d’os – volume 24

Notes d’Ornithologie Pyrénéenne n° XXIX. Novembre 2022 à octobre 2023

Jean-Louis Grangé, François Ballereau, Michel Chalvet, Stéphane Duchateau, Geoffrey Dupont, Jean-Jacques Hourcq, Sébastien Pérès, Dominique Raguet & Patrice Urbina-Tobias

Résumé : cette synthèse est basée sur 23637 données transmises par 45 observateurs. Durant la période considérée, pas moins de quatre espèces nouvelles pour le bassin de l’Adour ont été rencontrées sur le littoral basco-landais : le Blongios de Sturm Ixobrychus sturmii (1ère mention française !), le Pluvier fauve Pluvialis fulva, le Traquet isabelle Oenanthe isabellina et le Bruant mélanocéphale Emberiza melanocephala. Une aigrette présentant les caractères d’un hybride Aigrette garzette Egretta garzetta x A. des récifs E. gularis (cette dernière espèce étant également nouvelle pour notre région d’étude) a également longuement stationné à Hossegor.

De nombreuses autres « raretés » ont également été observées ; citons pêle-mêle le Cygne chanteur Cygnus cygnus (hivernage de 6 individus), l’Oie de la toundra Anser serrirostris, le Coucou geai Clamator glandarius, le Vanneau sociable Vanellus gregarius, le Bécasseau de Bonaparte Calidris fuscicollis, le Bécasseau tacheté Calidris melanotos, le Phalarope à bec étroit Phalaropus lobatus, la rarissime Mouette de Ross Rhodostethia rosea (2ème mention pour le littoral sud-aquitain), la Mouette de Bonaparte Larus philadelhia, l’Aigle de Bonelli Aquila fasciata, le Busard pâle Circus macrourus, les Faucons crécerellette Falco naumanni, kobez F. vespertinus et d’Éléonore F. eleonorae, l’Alouette haussecol Eremophila alpestris, l’Hirondelle rousseline Cecropis daurica, l’Étourneau unicolore Sturnus unicolor, la Grive dorée Zoothera dauma (2e mention pour le bassin de l’Adour) et le Bruant nain Schoeniclus pusilla. Les tempêtes de novembre 2022 ont entraîné un grand nombre oiseaux marins sur les côtes et jusqu’à l’intérieur des terres : Océanites culblancs Hydrobates leucorhous, Mouettes tridactyles Rissa tridactyla, Mouettes de Sabine Xema sabini, Phalaropes à bec large Phalaropus fulicarius.

La période est également marquée par la nouvelle reproduction de l’Ibis falcinelle Plegadis falcinellus qui confirme son installation pérenne dans la basse vallée de l’Adour, de même que des chanteurs de Marouette de Baillon Zapornia pusilla sont toujours cantonnés sur le marais d’Orx. La Fauvette passerinette Curruca iberiae est toujours nicheuse probable dans les vallées d’Aure et de Campan et la Fauvette à lunettes Curruca conspiscillata s’est semble-t-il de nouveau reproduite dans les environs du col de Soulor. L’amélioration des connaissances sur la répartition de la Chevêche d’Athéna Athene noctua dans les Hautes-Pyrénées est également à relever. Le Choucas des tours Corvus monedula semble en lente expansion (colonisation de plusieurs localités ces dernières années) et deux mentions du Corbeau freux Corvus frugilegus en période de reproduction laissent envisager, à terme, son apparition en tant qu’espèce nicheuse dans notre région.

Bilan du suivi de la migration au col de Soulor en 2022 et 2023

Association Oiseaux Cols Libres (OCL)

Compte-rendu de la migration des planeurs au col de Soulor en 2022 et 2023 (Association OCL).

Biologie de la reproduction du Milan noir Milvus migrans dans les Hautes-Pyrénées

Claudine et Dominique Raguet & Jean-Marc Fourcade

Résumé : une colonie de Milan noir a été étudiée de 2011 à 2024 dans les Hautes-Pyrénées. Le milieu était un bocage ouvert dominé par la culture du maïs et l’élevage bovin et ovin. Une décharge d’ordures ménagères se trouvait à environ 2 km de la colonie mais a été fermée fin 2015. Les effectifs ont varié entre 53 et 31 couples, mais une baisse linéaire des effectifs a été observée. Les retours prénuptiaux débutaient mi-février. La date médiane de ponte était le 08 avril et celle des envols le 23 juin. La productivité de la colonie était faible, estimée à 0.75 jeunes par couple cantonné, valeur bien inférieure à celles mesurées dans d’autres populations en France et en Europe. La rareté des nichées de 3 jeunes à l’envol était particulièrement notable (4.8 %, n = 166). Le milieu dominant autour de la colonie, très agricole et dépourvu d’un vaste cours d’eau ou de marécages, habitats connus pour être très favorables au Milan noir, n’apportait sans doute pas des ressources trophiques suffisantes pour atteindre la productivité couramment observée chez cette espèce. L’effet de la fermeture de la décharge n’était pas évident dans les paramètres de reproduction, suggérant que les couples nicheurs dépendaient peu de cette ressource.

Le régime alimentaire de la Fauvette pitchou Curruca undata dans les landes de Gascogne, France

Patrice Urbina-Tobias

Résumé : la Fauvette pitchou a fait l’objet d’une étude de terrain par capture-marquage-recapture dans les Landes de Gascogne entre 2011 et 2014. Lors de ces opérations, 63 fientes ont été collectées, procurant 227 proies de janvier à novembre. Le régime alimentaire a ainsi pu être défini et associé à une étude de la disponibilité alimentaire. La sélection des proies est ainsi mise en évidence par le comportement de chasse de l’oiseau induisant 2/3 de proies arboricoles et 1/3 de proies terrestres. La sélection tient aussi compte de la taille, puisque les proies consommées avoisinent 5.4 mm de longueur alors que la taille moyenne des proies disponibles est de 6.5 mm. Le régime est quasi exclusivement insectivore, constitué de 38% de coléoptères, 17% d’arachnides et d’hémiptères, 15% de larves de lépidoptères et 5% de baies (bourdaines). En biomasse, les apports énergétiques vitaux sont soutenus à 82% par les coléoptères, à 8% par les arachnides, à 6% par les hémiptères, à 2% par les larves de lépidoptères et à 0.3% par les baies. Les fluctuations au fil de l’année en fonction des émergences des proies sont présentées, montrant l’importance temporaire des groupes de proies secondaires. Des nuances de régimes alimentaires sont aussi observées selon l’âge des oiseaux. Enfin, une relation particulière de la Fauvette pitchou à la bourdaine est ici soulignée, directement par l’ingestion des baies et indirectement par le contrôle des prédateurs des bourdaines que sont les et les chenilles.

Migration postnuptiale de passereaux au Pays basque sur deux sites côtiers : bilan de trois années de suivi à Hendaye et à Anglet

Philippe Fontanilles, Bertrand Couillens, Fabien Damestoy, Etienne Legay & Lionel Sevilla

Résumé : le Pays basque a une responsabilité internationale pour la migration des oiseaux, jouant un rôle stratégique pour leur passage entre Pyrénées et Océan Atlantique. Sur sa côte maritime en milieux buissonnants deux sites naturels remarquables, Abbadia (Hendaye) et Izadia (Anglet) ont été suivi par un protocole de baguage en septembre de 2020 à 2022. Leur richesse spécifique est similaire, composée à plus 80 % de migrateurs (total 44 espèces, 5266 captures, 21 migratrices dont 18 transsahariennes). Leurs valeurs d’abondance et structure de peuplement diffèrent, liées à un habitat plus complexe sur Izadia et plus homogène sur Abbadia. Ce dernier site est davantage dominé par le Rougegorge familier les sylviidés et les muscicapidés (Fauvette à tête noire , Fauvette des jardins , Fauvette grisette , Pouillot fitis Gobemouche noir Gobemouche gris , Rossignol philomèle , Rougequeue à front blanc , Rougequeue noir ). Les haltes sont plus longues sur Abbadia et les gains de masse positifs pour la Fauvette grisette, la Fauvette des jardins, le Gobemouche noir, la Rousserolle effarvatte et le Rougequeue à front blanc. Le Pouillot fitis a séjourné plus longtemps sur Izadia. Le Rossignol philomèle s’est engraissé sur les deux sites. Ils jouent un rôle complémentaire au sein d’un réseau de sites à conserver au Pays basque.

Phénologie migratoire de la Pie-grièche écorcheur Lanius collurio dans le Bassin de l’Adour

Jean-Louis Grangé

Résumé : la Pie-grièche écorcheur est caractérisée par ses migrations en boucle, les reproducteurs de notre région arrivant de l’E-SE et repartant en automne via la Méditerranée. Cet article analyse la phénologie migratoire de l’espèce dans le Bassin de l’Adour sur la base de la centrale de données du GOPA sur la période 2000-2023 avec des observations antérieures remontant aux années 1980. La date moyenne d’arrivée des premiers migrateurs pré-nuptiaux se situe au 28 avril pour une fin de passage au 24 mai (plage de 27 jours). Pour le départ post-nuptial, la date moyenne des derniers individus se situe le 21 septembre, les premiers migrateurs sont observés un 17 août (plage de 35 jours). Ce pattern est comparé à celui des régions et pays voisins, montrant une bonne correspondance dans le schéma migratoire de l’espèce dans tout l’ouest européen.

Les Vautours fauves Gyps fulvus en vallée d’Ossau : bilan de huit ans de suivis individuels

Dominique Meininger, avec la collaboration de Stéphane Duchateau, Jean-Yves Gouge & Didier Peyrusqué

Résumé : l’article se base sur 18094 contrôles de Vautours fauves bagués (bagues métalliques gravées ou bagues PVC), effectués de 2016 à 2023 en vallée d’Ossau (Pyrénées-Atlantiques). Parmi les 316 individus identifiés, 233 (73,7 %) avaient été bagués en France, 82 (25,9 %) en Espagne et 1 (0,3 %) en Italie. La grande majorité des vautours bagués en France (204 sur 233) sont des poussins issus de la colonie de la Réserve Naturelle Nationale d’Ossau. Le record de longévité est détenu par deux individus bagués poussins en Ossau en 1993 (1ère année de baguage sur le site) et contrôlés en 2024 à l’âge de 32 ans révolus. La date moyenne de départ en dispersion des juvéniles est le 14/10 (extrêmes = 17/08 – 08/01). 98,7 % des juvéniles sont partis en dispersion. La durée moyenne de dispersion est de 406 ± 230 jours, le retour se faisant à l’âge moyen de 41 ± 32 mois. La majorité des retours de dispersion se fait entre les mois d’avril et septembre. Le taux de survie juvénile des vautours nés en Ossau, calculé d’après nos seuls contrôles, est au moins égal à 63,3 %.

Stationnement prolongé de deux groupes de Faucons crécerellettes Falco naumanni dans le département des Hautes-Pyrénées

François Ballereau, Michel Chalvet & Geoffrey Dupont

Résumé : en France, le Faucon crécerellette ne niche pas dans la partie occidentale des Pyrénées, et sa présence, sporadique, est uniquement notée sur les cols à l’occasion des passages migratoires ou en montagne et piémont lors de l’erratisme des jeunes, ces derniers provenant généralement de l‘Espagne voisine. Jusqu’à présent, aucun stationnement de Faucon crécerellette en nombre et sur une période significative n’avait été mentionné dans nos contrées du bassin versant de l’Adour. Or, du 15/08 au 22/09/2022, deux troupes ont stationné dans le département des Hautes-Pyrénées, l’une située sur la commune de Cieutat, l’autre sur la commune de Lau-Balagnas, avec un maximum de 63 individus recensés sur le premier site et de 82 sur le second site. Les deux communes sont distantes de 28 km en ligne droite.

Au nid du Torcol fourmilier. Carnets de terrain

Jean-Louis Grangé, Didier Laban, Jean-Jacques Hourcq, Pierre Navarre & Henri Laffitte

Résumé : nous rapportons le suivi d’une reproduction du Torcol fourmilier Jynx torquilla en Vallée d’Ossau (SO Pyrénées). Le site est décrit ainsi que les différentes phases du cycle de reproduction : ponte, incubation, alimentation des jeunes au nid et envol qui a eu lieu le 16 juin (6 jeunes). Des notes comportementales sont rapportées ainsi que le début d’un creusement de cavité, comportement non rapporté pour cette espèce.

Les vieilles forêts, pourquoi et comment les protéger ?

Philippe Falbet
Résumé : en France, à l’écart des forêts gérées, existent des boisements qui accomplissent la totalité de leur cycle biologique naturel, ce sont les vieilles forêts. C’est dans les Pyrénées qu’existe la plus grande superficie avec plus de 10 000 hectares inventoriés à ce jour. A l’heure où les appels à mobiliser davantage de bois se multiplient, où de nouveaux usages voient le jour (chimie verte, biocarburants), des organismes d’intérêt général sont à l’œuvre pour préserver ces milieux fragiles aux espèces rares et menacées

La mouette TLRE

Jacques Ferré
Histoire d’une Mouette rieuse polonaise venant hiverner tous les ans sur le Courant d’Huchet.

Bibliographie passionnelle

Jean-Louis Grangé

In Memoriam

Didier Laban-Geneviève Laulhé

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