Notes d’Ornithologie Pyrénéenne
Cette nouvelle synthèse s’appuie sur environ 43530 données reçues de 45 observateurs. Un déficit de données concernant les oiseaux marins et les passereaux paludicoles est de nouveau perceptible cette année.
Parmi les faits marquants, on note la première reproduction dans le bassin de l’Adour de l’Ibis falcinelle Plegadis falcinellus, le stationnement « à demeure » d’une vingtaine de Flamants roses Phoenicopterus roseus à Orx, les effectifs remarquables atteints en mai par divers limicoles faisant halte sur ce même site, un bel afflux estival de Faucons crécerellettes Falco naumanni et de Rolliers d’Europe Coracias garrulus. L’expansion du Canard mandarin Aix galericulata est également à relever, de même que les nouvelles localités de reproduction du Petit-duc scops Otus scops et de la Chevêche d’Athéna Athene noctua obtenues en Bigorre grâce à des recherches ciblées.
La période considérée aura bien entendu connu sont lot d’observations rares, avec une belle série de Laridés nord-américains (Goéland d’Amérique Larus smithsonianus, Goéland à bec cerclé Larus delawarensis, Mouettes de Franklin Leucophaeus pipixcan, atricille Leucophaeus atricilla et de Bonaparte Chroicocephalus philadelphia) et des mentions de Fuligule à bec cerclé Aythia collaris, Marouette de Baillon Zapornia pusilla, Puffin de Scopoli Calonectris diomedea, Vanneau sociable Vanellus gregarius, Bécasseau tacheté Calidris melanotos, Glaréole à collier Glareola pratincola, Guifette leucoptère Chlidonias leucopterus, Aigle ibérique Aquila adalberti, Pygargue à queue blanche Haliaeetus albicilla, Rousserolle verderolle Acrocephalus palustris, Pouillot à grands sourcils Phylloscopus inornatus, Étourneau unicolore Sturnus unicolor, Pipit à dos olive Anthus hodgsoni.
Des rapaces au Pays basque. COMPTAGE, PROTECTION ET ANIMATION À LIZARRIETA
ASSOCIATION C PAL
De nombreux rapaces traversent le Pays basque à l’automne, ainsi sur les saisons 2021 à 2022 (15 août au 15 novembre), 26 espèces de rapaces ont été identifiées depuis le col de Lizarrieta (Sare, Pyrénées-Atlantiques), avec les effectifs respectifs de 15 507 et 10 670 individus. Les principales espèces sont présentées au Tableau 1.
Bilan 2022 du baguage des passereaux migrateurs et du Phragmite aquatique Acrocephalus paludicola sur les Barthes de la Nive (64)
PHILIPPE FONTANILLES & GILLES MOURGAUD
La migration des passereaux a été suivie avec un protocole de baguage sur 10 journées entre le 06/08 et le 21/08/2022 sur deux sites des Barthes de la Nive : Quartier-bas (Villefranque), site historique de halte et Hillans (Saint-Pierre-d’Irube), site non encore inventorié. 443 captures ont été réalisées pour 22 espèces ; 9 espèces paludicoles représentent 79 % des captures, les espèces migratrices transsahariennes représentent 73.6 % des captures. Seules 4 captures de Phragmite aquatique ont été obtenues dont un seul individu sur Quartier-bas, autrefois (2008-2014) site de halte de l’espèce. Le milieu s’est fermé par le boisement d’Érables negundos et de saules. Des actions de gestion (coupe, extraction, mise en eau, etc.) sont urgentes. Le site d’Hillans a une qualité d’accueil remarquable pour les paludicoles. Nous y avons notamment noté l’engraissement de la Rousserolle effarvatte. Les milieux sont composés d’une vaste roselière à en aval de l’autoroute, alors que dans la partie amont existe une surface réduite de phragmitaie-cariçaie entourée d’une prairie. Le site est géré contre l’envahissement du Baccharis Cet habitat est vulnérable par sa faible surface, le risque d’assèchement et la fauche trop précoce. Nous avons par ailleurs capturé 1 Rousserolle verderolle , espèce rare pour notre région.
Le Merle à plastron Turdus torquatus dans les Pyrénées occidentales : population reproductrice, migrations et données hivernales
STÉPHANE DUCHATEAU
Les Pyrénées occidentales hébergent une importante population reproductrice de Merle à plastron de la sous-espèce alpestris. Dans cet article la gamme variée des habitats utilisés est décrite, la répartition de l’espèce est précisée, une estimation des effectifs est proposée (1500-3000 couples) et les données disponibles localement quant à la biologie de reproduction sont synthétisées. La chronologie du passage migratoire pré- et postnuptial des populations nordiques (sous-espèce torquatus) et alpines faisant halte dans la région est détaillée, ainsi que les reprises et contrôles d’oiseaux bagués. Le statut de l’espèce en période hivernale est enfin synthétisé.
La Loutre Lutra lutra en vallée d’Ossau : apports d’une étude par piégeage photographique
LUC CANTEGREL, STÉPHANE HOMMEAU & JEAN-LOUIS SOULÉ
À partir des années 2010, le retour de la Loutre en vallée d’Ossau semblait devenu une réalité. Mais ses indices de présences, généralement basés sur la recherche d’épreintes, n’en disaient pas beaucoup sur son type d’utilisation du milieu, si sa présence était régulière ni s’il y avait présence de territoires / reproduction ou simple dispersion. Nous avons donc effectué une étude sur deux secteurs différents – le premier en piémont et le second en haute vallée à l’aide de pièges photographiques pour explorer une autre manière de détecter la présence du mustélidé. Notre étude a montré une utilisation fréquente des sites de stations photographiques, des passages réguliers de plusieurs individus et des reproductions quasi annuelles. Ces informations, combinées aux données du Parc National des Pyrénées attestent que son retour et son installation en plaine et en montagne semblent pleinement effectifs. La loutre fait bien de nouveau partie de la faune du Haut-Béarn.
Caractéristiques des arbres de nid chez le Pic épeichette Dryobates minor dans le Bassin de l’Adour et les Pyrénées occidentales
JEAN-LOUIS GRANGÉ
Les caractéristiques des arbres de nid du Pic épeichette Dryobates minor dans le Bassin de l’Adour sont analysées à partir de 146 cavités répertoriées dans notre base de données : 10 essences différentes sont utilisées comme support de nid (chênes Quercus sp. prédominants) pour une hauteur moyenne de 17,9 m et un diamètre de l’arbre à 1,3 m de 50,2 cm. Les cavités de reproduction sont situées à une hauteur moyenne de 11,5 m pour un diamètre de l’arbre à la cavité de 25,9 cm. L’emplacement des nids est préférentiellement le tronc avec 68,4 % des occurrences. Ces résultats sont comparés à ceux d’études similaires couvrant toute l’aire de distribution de l’espèce. Il y est mis en évidence une forte variabilité de nombreux paramètres très liés aux conditions sylvogéniques locales, hors diamètre des arbres de nid au niveau de la cavité, assez constant d’une région à l’autre (toujours très dépendant de l’espèce de Picidé étudiée).
Première reproduction de l’Ibis falcinelle Plegadis falcinellus dans le bassin de l’Adour
FRÉDÉRIC CAZABAN
Sur le bassin de l’Adour, la présence de l’Ibis falcinelle Plegadis falcinellus est devenue régulière depuis les années 2010. En 2022, sa reproduction est constatée pour la première fois dans le Sud-Ouest. 13 couples se sont installés sur l’île du Sablot à Urt (Pyrénées- Atlantiques), la productivité a été estimée à 2.1 juv/nid. Les observations suggèrent une période de ponte s’étalant de fin avril à mi-mai. Compte-tenu de la dynamique de la population ouest-européenne et du réchauffement climatique, il est probable que l’Ibis falcinelle s’installe durablement sur le bassin de ‘Adour et le long de la côte atlantique.
Permanence de la limite d’une aire dialectale chez le Grimpereau des bois Certhia familiaris en forêt d’Iraty
MICHEL CLOUET & JEAN JOACHIM
Une limite dialecticale observée chez le Grimpereau des bois Certhia familiaris au début des années 2000 dans le Massif d’Iraty est de nouveau retrouvée en 2023. Nous soulignons les explications possibles pour une telle permanence alors que la distribution de l’espèce est continue dans cette région.
Bec-croisé : le type vocal des Pyrénées a-t-il évolué ?
MICHEL CLOUET
Nous avons enregistré les vocalisations du Bec-croisé des Pyrénées Loxia curvirostraz aux fins de comparaison avec des enregistrements datant de 10 ans. Les sites suivis montrent une persistance du type vocal Pyrénéen N 12. Seul le site de La Pierre-Saint-Martin a montré la présence d’un autre type vocal, associé au type n 11 des Pyrénées, confirmant ma présence d’individus d’autres origines, ce qui n’est pas inattendu pour l’espèce. Cela montre que la population pyrénéenne (un écotype associé à Pinus mugo sp. uncinata) est restée homogène durant la période considérée.