Le Casseur d’os – volume 21

Notes d’Ornithologie Pyrénéenne n° XXVI. Novembre 2019 à octobre 2020

Jean-Louis GRANGÉ, François BALLEREAU, Stéphane DUCHATEAU, Geoffrey DUPONT, Jean-Jacques HOURCQ, Sébastien PÉRÈS, Dominique RAGUET & Patrice URBINA-TOBIAS, Rédacteurs pour le GOPA

Cette 26ème livraison des N.O.P. (déjà !) est basée sur un total de 23210 données archivées dans la centrale ornithologique du GOPA. Les mesures de confinement liées à la pandémie de COVID-19 (mars-mai 2020) se sont ressenties sur l’activité de nos collaborateurs, aboutissant à une pression de suivi plus faible sur certains sites et/ou certaines espèces (par exemple les limicoles en migration prénuptiale ou les hérons coloniaux).

Deux nouvelles espèces sont ajoutées cette année à la liste des oiseaux du Bassin de l’Adour : le Fou brun Sula leucogaster et le Gobemouche à collier Ficedula albicollis. Un Ibis chauve Geronticus eremita en stationnement dans la vallée de l’Adour a certes attiré beaucoup d’observateurs, mais cet individu s’est avéré être échappé de captivité. Parmi les espèces les plus rares, on note également des mentions du Fuligule à bec cerclé Aythia collaris, du Flamant rose Phoenicopterus roseus, de la Marouette de Baillon Zapornia pusilla, de la Bécassine double Gallinago media, du Phalarope à bec étroit Phalaropus lobatus, de la Glaréole à collier Glareola pratincola, du Pygargue à queue blanche Haliaeetus albicilla, de l’Hypolaïs ictérine Hippolais icterina, de la Rousserolle verderolle Acrocephalus palustris, du Pouillot brun Phylloscopus fuscatus, de la Fauvette babillarde Curruca curruca, du Gobemouche à collier Ficedula albicollis, du Pipit à gorge rousse Anthus cervinus, du Roselin cramoisi Erythrina erythryna, du Bruant lapon Calcarius lapponicus et du Bruant rustique Schoeniclus rusticus.

Les effectifs remarquables dénombrés depuis le col de Lizarrieta par l’association CPAL confirment, si besoin était, l’importance de ce site pour le suivi de la migration postnuptiale transpyrénéenne.

Peu de faits marquants sont à signaler concernant l’avifaune locale, hormis l’expansion du Monticole bleu Monticola solitarius qui est concrétisée par la découverte d’un couple cantonné en vallée d’Aspe. La présence tardive de quelques Grues cendrées Grus grus dans la basse vallée de l’Adour peut laisser espérer, à terme, des tentatives d’installation.

L’Élanion blanc Elanus caeruleus est désormais très largement implanté, tandis que le Busard Saint-Martin Circus cyaneus semble au contraire en voie de complète disparition dans notre région… Le Léiothrix jaune Leiothrix lutea a atteint des effectifs inégalés au cours de la saison 2020 ; son écologie et la concurrence éventuelle avec les espèces de l’avifaune locale restent à documenter.

Résumé de la saison 2020 au col de Lizarrieta

Par l’équipe de C PAL

Les espèces phares du site ne nous ont pas fait défaut et on note des totaux saisonniers records pour plusieurs d’entre elles : l’Épervier d’Europe (1002 individus), le Faucon émerillon (109), le Milan royal (4673), la Grue cendrée (57 808), le Busard cendré (59) et le Busard des roseaux (719) dont on enregistre un passage record le 18/09 avec 222 individus, puis 119 le lendemain, soit 47% des effectifs saisonniers en 2 jours.

Comptage des rapaces et cigognes au Col de Soulor , années 2019 et 2020

Alain CHAUVIÈRE, Oiseaux Cols Libres

Le Milan noir reste incontestablement le plus représenté puisqu’un record de plus de 63 000 individus a été recensé. Ce record est sans doute à attribuer à une météo plus que clémente avec 67 journées d’observations pour 7 journées défavorables (et quelques aléas temporaires sur quelques journées météo mitigées).

  • Bondrée apivore : nous nous situons légèrement en dessous de la moyenne annuelle ;
  • Épervier d’Europe : une belle année avec presque le double de l’effectif habituel ;
  • Circaète Jean-le-blanc : toujours au dessus de la moyenne ;
  • Busards : globalement dans la moyenne, sauf pour les cendrés très peu représentés, et les pâles absents cette année ;
  • Cigognes : une belle année tant pour les Cigognes noires que pour les blanches.

Avifaune des prairies de fauche du Parc national des Pyrénées

Philippe FONTANILLES

Résumé. Les écosystèmes prairiaux participent de façon spécifique à la biodiversité, en particulier en montagne où ils ont aussi une valeur patrimoniale paysagère, culturelle et agricole. En Europe, ces écosystèmes ont été profondément altérés par la modernisation des pratiques agricoles et les populations d’oiseaux nicheurs, constituant de bons indicateurs de la biodiversité spécifique, ont fortement diminué. Dans les Pyrénées, des surfaces de prairies de fauche, parfois importantes, sont encore maintenues mais leur avifaune n’a jamais fait l’objet d’inventaire ou de suivi publiés. Au sein du Parc national des Pyrénées, nous dressons un état des lieux des populations d’oiseaux nicheurs des systèmes prairiaux à différentes altitudes. Pour cela, lors de plusieurs campagnes entre 2005 et 2018, nous avons relevé les abondances des espèces sur 30 stations de points écoutes réparties sur 10 sites, 4 vallées et 3 tranches d’altitude : basse vallée (< 500 m), fond de vallée (500 à 1000 m) et haute vallée (> 1000 m). Nous avons aussi suivi la chronologie de fenaison associée. L’avifaune prairiale, constituée au maximum de 6 espèces, et plus largement celle caractéristique des milieux ouverts (comprenant au maximum 18 espèces) est plus diversifiée et abondante sur les sites d’altitude (au-dessus de 1000 m) que sur les systèmes de bas et fond de vallées.

Quelques données sur la communauté de mammifères d’un vallon des Pyrénées occidentales, obtenues par piégeage photographique

Luc CANTEGREL & Stéphane DUCHATEAU

Résumé. Une étude par piégeage photographique effectuée de 2010 à 2020 en vallée d’Aspe (Pyrénées-Atlantiques) a permis de décrire la communauté de mammifères utilisant un vallon de basse et moyenne altitude, peu habité et partiellement boisé, d’une superficie totale de 16,31 km2. 18 stations photographiques, dont jusqu’à 7 furent actives simultanément en 2014 et en 2019 (soit 0,43 piège/km2) furent installées pour un effort de piégeage total de 5848 jours-pièges. 14 espèces ont été prises au piège photo et 1-2 espèces supplémentaires ont été indirectement détectées, soit un total de 17 mammifères hors chiroptères et micromammifères, soulignant ainsi la richesse de ce vallon. Les informations concernant les rythmes d’activité, la reproduction ou certains comportements particuliers sont présentées pour chaque espèce

Statut de la Pie-grièche méridionale Lanius meridionalis sur le piémont Ouest – Pyrénéen et le sud des Landes

Frédéric LABOUYRIE

Résumé. La Pie-grièche méridionale Lanius meridionalis , bien que considérée comme oiseau sédentaire dans son aire de répartition méditerranéenne, se rencontre en petit nombre dans le Bassin de l’Adour périodiquement en période inter-nuptiale, itinérante ou stationnant en hivernage, avec quelques sites réguliers. La proximité des zones de reproduction les plus proches et denses situées en Espagne en fait une région privilégiée pour la compréhension de ces singuliers déplacements inter-nuptiaux, malgré un fort déclin de l’espèce depuis ces trente dernières années

Hypothèse d’autorégulation de la population adulte des Aigles Royaux

Jacques BOUILLERCE-MIRASSOU

Résumé. La connaissance de la structure des populations d’Aigles royaux devrait permettre une meilleure politique de conservation de cette espèce. Dans cette optique, nous avons essayé de synthétiser les données à notre disposition pour étudier les préconisations des organismes de gestion et proposer une lecture différente des données actuelles. La confrontation des observations de terrain et des modèles mathématiques a débouché sur la mise en avant de biais influant fortement sur les résultats et par conséquent sur les préconisations de suivi, en particulier. Nous proposons, donc, une autre lecture des valeurs démographiques et des processus de régulation plus en harmonie avec les observations de terrain et, par conséquent, une autre approche concernant le suivi de la population des Aigles royaux.

Nidification et présence hivernale en altitude de la Fauvette pitchou Curruca undata dans les Pyrénées occidentales

Jean-Louis GRANGÉ & Henri LAFFITTE

Cette note relate la reproduction de la Fauvette pitchou à une altitude de 1550 m au col de Soulor (Pyrénées-occidentales) en juin 2019 et sa présence hivernale (occasionnellement ou durant toute cette saison) àcette même altitude. Ces observations sont replacées dans un contexte plus large grpâce à unre recension bibliographique.

Constructions d’aires et reproductions sur des pylônes électriques par deux couples de Milan noir Milvus migrans

Claudine ET Dominique RAGUET & Jean-Marc FOURCADE

Résumé. Au cours d’un suivi d’une colonie de 38 à 56 couples de Milan noir Milvus migrans, sur la commune de Saint-Martin (Hautes-Pyrénées), nous avons observé 2 aires construites sur des pylônes d’une ligne électrique à haute tension. La première aire a été occupée de 2018 à 2020 puis seulement rechargée en 2021. La deuxième découverte en 2020 a vu l’échec de la reproduction et n’a pas été réutilisée en 2021. La saturation des sites de nids arboricoles peut vraisemblablement être exclue comme cause à ces installations sur pylône. Ce support de nid n’avait été observé qu’une seule fois en France, en Alsace.

Première reproduction du Monticole bleu Monticola solitarius dans les Hautes–Pyrénées

Christian HABAS

Observations récentes du Monticole bleu Monticola solitarius en zone montagneuse des Pyrénées occidentales

Jean-Louis GRANGÉ

Pic à dos blanc D. leucotos (Bechstein, 1802) , Pic de Lilford Dendrocopos lilfordi (Sharpe & Dresser, 1871) et Pic de Swinhoe Dendrocopos insularis (Gould, 1863) : une révision du « complexe leucotos »

Jean-Louis GRANGÉ

Un article récent de PONS et al. (2021)1 paru dans la revue Zoologica Scripta révise la taxinomie du Pic à dos blanc (complexe leucotos) constitué de 11-12 sous-espèces dont 8 des taxons ont fait l’objet d’analyses phylogénétiques et auquel nous avons activement participé. Nous synthétisons les principaux résultats de cette étude.

Interactions entre les deux espèces de grimpereaux et l’ hypothèse de l’ erreur d’ identification

Michel CLOUET

Ce texte est une synthèse de l’article de M. CLOUET et J.-F. GÉRARD paru en 2020 dans Bird Study (67: 385-392), intitulé Interactions between sibling species of treecreepers Certhia familiaris and C. brachydactyla in the Pyrenees and the mistaken identity hypothesis

Compétition interspécifique pour l ‘occupation d’une loge

Michel CHALVET & Geoffrey DUPONT

Note comportementale décrivant la « bataille » entre Etourneaux sansonnets et Pic vert pour l’accaparement d’une loge de reproduction où, finalement, un couple de Sittelles en maçonnera l’entrée.

Bibliographie passionnelle

Jean-Louis GRANGÉ

I N MEM ORIAM

Jérôme ALLOU (1960-2021)

Érick CHAMPAGNE (1966-2020)

Jean-Claude ALBERNY (1944-2021)

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