Le Casseur d’os – volume 19

Notes d’Ornithologie Pyrénéenne n° XXIV. Novembre 2017 à octobre 2018

Jean-Louis GRANGÉ, François BALLEREAU, Frédéric CAZABAN, Stéphane DUCHATEAU, Jean-Jacques HOURCQ, Sébastien PÉRÈS, Dominique RAGUET & Patrice URBINA-TOBIAS

Cette synthèse a été établie grâce à un corpus de 16236 données, communiquées par une quarantaine d’observateurs (liste ci-après). Pour la première fois depuis bien longtemps, aucune nouvelle espèce n’est à rajouter à la liste des oiseaux du bassin de l’Adour. La période considérée fut d’ailleurs relativement peu prolifique en observations d’espèces rares, malgré des mentions d’Oie des moissons Anser fabalis rossicus, de Harle bièvre Mergus merganser, Bécasseau de Bonaparte Calidris fuscicollis, Goélands d’Audouin Larus audouini, à ailes blanches L. glaucoides et bourgmestre L. hyperboreus, Sterne voyageuse Thalasseus bengalis, Vautour de Rüppell Gyps rueppelli, Pygargue à queue blanche Haliaeetus albicilla, Faucons crécerellette Falco naumanni et d’Éléonore F. eleonorae, Pouillot à grands sourcils Phylloscopus inornatus, Pouillot brun Phylloscopus fuscatus, Fauvette babillarde Sylvia curruca, Étourneau unicolore Sturnus unicolor, Sizerin cabaret Acanthis (flammea) cabaret ou Bruant nain Emberiza pusilla.

Le printemps 2018 exceptionnellement pluvieux a probablement impacté la présence et/ou la reproduction de bien des espèces, en plaine comme en montagne. L’événement le plus remarquable est probablement constitué par la première reproduction réussie du Balbuzard pêcheur Pandion haliaetus dans les Landes, où un programme de relâcher de jeunes oiseaux est par ailleurs en cours.

On notera également une preuve de reproduction du Blongios nain Ixobrychus minutus, ainsi que la découverte (toujours rare) de 2 nids d’Engoulevent d’Europe Caprimulgus europaeus. La présence d’un mâle cantonné de Grimpereau des bois Certhia familiaris dans la plaine béarnaise, loin de son aire de présence de l’étage montagnard, constitue une nouveauté. Le lac de Puydarrieux semble toujours aussi attractif pour les sternes, puisque 4 espèces y ont fait halte cette saison. Nous mentionnerons enfin les résultats très prometteurs obtenus par F. CAZABAN à Tarnos, où l’enregistrement quotidien des cris des migrateurs nocturnes révèle le passage d’espèces peu communes et permet de mieux connaître celui de bien d’autres.

Comptage des oiseaux migrateurs en 2018 au col de Lizarrieta

Comptage Protection et Animation à Lizarrieta

Présentation des effectifs de rapaces et cigognes et rapaces migrateurs ainsi que des autres espèces migratrices (non passereaux et passereaux) du 15 août au 15 novembre 2018.

Bilan du baguage des passereaux migrateurs sur les Barthes de la Nive (Pyrénées-Atlantiques), saison postnuptiale 2018

Philippe FONTANILLES, Gilles MOURGAUD, Justine MÉZIER & Flavie ROUET

La migration des passereaux a été suivie par un protocole de baguage quotidien du 16/09 au 28/10/2018 dans les Barthes de la Nive, sur la commune de Villefranque (Pyrénées-Atlantiques). 4177 captures ont été réalisées pour 45 espèces. La phénologie de passage, la prise de masse corporelle et la durée de stationnement sont décrits sur la période pour trois espèces (Fauvette à tête noire Sylvia atricapilla, Rougegorge familier Erithacus rubecula, Pouillot véloce Phylloscopus collybita et partiellement pour d’autres. Des raretés et 16 contrôles étrangers ont été notées : 3 Pouillots à grands sourcils Phylloscopus inornatus, une Rousserolle effarvatte Acrocephalus scirpaeus baguée en Lituanie, deux Bruants des roseaux Emberiza schoeniclus bagués respectivement en Tchéquie et en Suède.

Regroupements prénuptiaux du Faucon hobereau Falco subbuteo sur le piémont des Pyrénées occidentales, bilan de 5 années de suivi

Dominique et Claudine RAGUET & Jean-Marc FOURCADE

Entre 2012 et 2016, nous avons étudié les regroupements prénuptiaux du Faucon hobereau Falco subbuteo dans les Hautes-Pyrénées, sur la base d’un suivi quotidien d’avril à début juin. La zone concernée par ces regroupements s’étend sur environ 12 km dans la vallée de l’Adour. Des regroupements de 20 individus et plus ont été observés de la 2e décade d’avril (20 le 12/04/2013, 30 le 13/04/2014, 52 le 14/04/2016, etc.) jusqu’à fin mai début juin (notamment 65 le 24/05/2016, 32 le 28/05/2016, 31 le 03/06/2013). Les 3 effectifs maximaux observés à au moins 7 jours d’écart furent de 84, 71 et 67 individus.Un pic s’est produit chaque année dans la seconde quinzaine d’avril. La présence massive à cette période de Diptères Nématocères, en particulier Bibio marci, était responsable des plus grands regroupements. Les hobereaux pouvaient arriver rapidement sur le site, descendant de très haut puis disparaissant et réapparaissant plusieurs fois. Ils se déplaçaient ainsi à grande hauteur, à peine discernables aux jumelles : ce comportement est connu en Afrique et est reproduit ici pour détecter la formation de nuées d’insectes.

D’après la fréquence des regroupements et leur persistance jusqu’à fin mai début juin, nous pensons que les individus locaux étaient largement majoritaires, recrutés à une distance supérieure aux quelques kilomètres généralement admis pour leurs déplacements depuis les sites de reproduction. Nous argumentons l’hypothèse que les migrateurs sont nettement minoritaires dans les regroupements observés ici, de même que les individus immatures. Les densités locales, mesurées lors d’une étude précédente, permettent d’atteindre les effectifs observés si les déplacements depuis les territoires de reproduction atteignent 12 à 15 km. Ces valeurs sont largement dépassées au cours d’une journée dans les quartiers d’hivernage, lorsque l’espèce est essentiellement insectivore. Le Faucon hobereau adopte sur le piémont des Pyrénées occidentales une partie de son comportement d’insectivore mobile utilisé en Afrique : temporairement grégaire, opportuniste, se déplaçant à très grande hauteur, afin d’exploiter une ressource alimentaire surabondante mais temporaire et localisée.

Gypaètes barbus Gypaetus barbatus et coloration cosmétique. État des connaissances et recherches en cours dans les Pyrénées occidentales

Stéphane DUCHATEAU

Le Gypaète barbu Gypaetus barbatus acquiert sa coloration orangée en enduisant volontairement son plumage d’oxydes de fer. Ceux-ci sont obtenus en se baignant dans les dépôts des sources ferrugineuses et probablement, parfois, en se frottant à d’autres substrats. L’article fait le point sur ce qui est connu de ce comportement, dont l’étude est en cours dans les Pyrénées. Un suivi par piégeage photographique d’une source ferrugineuse des Pyrénées-Atlantiques (2014 – 2018), a permis d’identifier 10 gypaètes différents, tous adultes, venant y colorer leur plumage. Vingt-quatre sites de coloration du plumage, utilisés par les gypaètes dans le massif pyrénéen, ont été identifiés grâce à un recueil de témoignages. Les différentes hypothèses proposées jusqu’ici pour expliquer la causalité de ce comportement (dissimulation, protection du plumage contre l’abrasion ou les ectoparasites, lutte contre les bactéries, médication, signal visuel à destination des congénères) sont exposées et discutées.

Caractéristiques des arbres de nid chez le Pic épeiche Dendrocopos major dans le Bassin de l’Adour

Jean-louis GRANGÉ

Les caractéristiques des arbres de nid et des cavités de reproduction du Pic épeiche Dendrocopos major dans le Bassin de l’Adour sont analysées à partir de notre base de données, soit 529 cavités répertoriées. Le nombre d’essences différentes choisies s’élève à 18 pour une hauteur moyenne des arbres de nid de 17,2 m et un diamètre de 50,7 cm. Les cavités sont placées à une hauteur moyenne de 8,97 m (1,3 à 19 m) pour un diamètre à la cavité de 30,5 cm (10 à 100 cm). L’emplacement préférentiel des cavités est le tronc avec 81,4 % des occurrences. Le rapport Hauteur cavité / Hauteur arbre de nid est de 0,56. Nos résultats sont comparés avec ceux collectés dans la riche littérature concernant ce sujet et le caractère « généraliste » de l’espèce apparaît dans la grande diversité des situations selon la situation géographique des populations étudiées (hors le paramètre « diamètre à la cavité », très constant d’une région à l’autre).

Note sur quelques nidifications rupestres de rapaces forestiers dans les Pyrénées occidentales

Stéphane DUCHATEAU, avec la collaboration de Didier PEYRUSQUÉ et Patrick HARLÉ

Nous décrivons plusieurs cas de reproduction en falaise de rapaces habituellement arboricoles, dans les Pyrénées occidentales françaises : Milan noir Milvus migrans (1 cas en vallée d’Ossau en 1993), Circaète Jean-le-Blanc Circaetus gallicus (1 cas en vallée d’Ossau en 1983), Aigle botté Hieraaetus pennatus (1 cas probable à Saint-Pé-de-Bigorre en 1991 ou 1992) et Buse variable Buteo buteo (plusieurs cas, notamment en vallée d’Aspe). Une synthèse bibliographique sur ce sujet est proposée, les cas connus ailleurs étant cités pour chaque espèce.

De quelques aberrations de plumage rencontrées chez les oiseaux du Bassin de l’Adour

Jean-Louis GRANGÉ & Pierre NAVARRE

Nous profitons de quelques observations d’oiseaux de diverses espèces présentant des aberrations de plumage rencontrées dans le Bassin de l’Adour, souvent baptisées albinisme ou mélanisme, pour préciser la terminologie devant être utilisée selon les divers types d’aberrations. Nous décrivons 6 de ces aberrations, les plus courantes parmi les 16 reconnues à ce jour, cela basé sur les travaux de H. VAN GROUW qui nous a aidé dans l’identification des divers cas documentés.

Reproduction à haute altitude du Râle d’eau Rallus aquaticus dans les Pyrénées occidentales

Jean-Louis GRANGÉ

Nous relatons dans cette note des reproductions à haute altitude du Râle d’eau Rallus aquaticus durant les années 1990 sur le lac de Soum (1520 m), situé sur la commune d’Arrens-Marsous dans les Hautes-Pyrénées. Cela constitue un record altitudinal pour notre pays et l’une des plus importantes altitudes de reproduction connues en Eurasie. Nous soulignons également l’importance passée de ce site pour d’autres espèces en limite altitudinale : Gallinule poule-d’eau Gallinula chloropus et Grèbe castagneux Tachybaptus ruficollis.

Premier cas de reproduction du Pic de Lilford Dendrocopos leucotos lilfordi sur un Chêne d’Amérique Quercus rubra en Navarre (Espagne)

Miguel Mari ELOSEGI IRURTIA

En 2019, un couple de Pic de Lilford a niché dans un chêne d’Amérique Quercus rubra en Navarre, utilisant ce support pour la première fois ; Jusqu’alors, les 70 cavités connues étaient creusées dans des Hêtres Fagus sylvatica. Après avoir présenté l’espèce dans les Pyrénées espagnoles (effectifs, distribution), nous décrivons l’arbre de nid (diamètre 38 cm, hauteur 22 m), son environnement et les caractéristiques de la cavité placée à 11 m de haut.

Note sur l’hivernage d’un Pouillot à grands sourcils Phylloscopus inornatus dans un parc de Pau (Pyrénées-Atlantiques)

Andréas GUYOT

Cette note relate l’hivernage du Pouillot à grands sourcils dans un parc public de Pau. Il y demeura du 14 décembre 2018 (date de découverte) au 2 février 2019. Nous en profitons pour présenter les précédentes observations de l’espèce en Béarn et Bigorre : le premier individu y avait été vu en novembre 2006.

Observations de déplacement de jeunes par les Mustélidés

Jean-Louis GRANGÉ, Didier LABAN, Pierre NAVARRE & François BALLEREAU

Cette courte note détaille 3 observations de déplacement de leurs jeunes par des Mustélidés (Hermine Mustela erminea et Belette Mustela nivalis) dans les Pyrénées occidentales.

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