Notes d’Ornithologie Pyrénéenne n° XXI. Novembre 2015 à octobre 2016
Jean-Louis GRANGÉ, François BALLEREAU, Stéphane DUCHATEAU, Jean-Jacques HOURCQ, Sébastien PÉRÈS, Dominique RAGUET & Patrice URBINA-TOBIAS
Cette nouvelle synthèse a pu être élaborée grâce à près de 25000 données reçues pour la période considérée. Deux nouvelles espèces sont venues enrichir l’avifaune du bassin de l’Adour : le Pouillot brun Phylloscopus fuscatus et le Bruant rustique Emberiza rustica, toutes deux capturées pendant le camp de baguage de l’étang de Moïsan à Messanges.
D’autres espèces très rares ont visité la région : Cygne chanteur Cygnus cygnus, Sarcelle à ailes vertes Anas carolinensis, Coucou geai Clamator glandarius, Grue demoiselle Anthropoides virgo, Bécasseaux de Baird Calidris bairdii et semipalmé C. pusilla, Phalarope à bec étroit Phalaropus lobatus, Goélands d’Audouin Larus audouini, d’Amérique L. smithsonianus et bourgmestre L. hyperboreus, Guifette leucoptère Chlidonias leucopterus, Aigle ibérique Aquila adalberti, Pouillot de Sibérie Phylloscopus (collybita) tristis, Fauvette babillarde Sylvia curruca, Traquet oreillard Oenanthe hispanica, Étourneau unicolore Sturnus unicolor, Sizerin flammé Acanthis flammea, Bruant lapon Calcarius lapponicus et Bruant nain Emberiza pusilla.
L’hivernage conséquent du Hibou des marais Asio flammeus, la présence en plaine d’une Chouette de Tengmalm Aegolius funereus, la première reproduction réussie du Faucon pèlerin Falco peregrinus en ville de Pau, l’afflux estival sans précédent du Rollier d’Europe Coracias garrulus, le cantonnement d’un mâle de Fauvette à lunettes Sylvia conspicillata et la découverte de nouveaux sites d’hivernage du Pipit de Richard Anthus richardi constituent les autres faits marquants de cette année ornithologique. Fait rare, une preuve de reproduction de la Bécasse des bois Scolopax rusticola est obtenue en vallée de Barétous.
Les oiseaux forestiers nicheurs des Pyrénées occidentales françaises : analyse globale des peuplements
Stéphane DUCHATEAU, Philippe FONTANILLES & Jean-Louis GRANGÉ
Résumé. Les peuplements d’oiseaux nicheurs des forêts des Pyrénées occidentales françaises ont été étudiés grâce à 400 points d’écoute de type EPS effectués dans 18 sites entre 2008 et 2014. Le peuplement de la chênaie-hêtraie du piémont est caractérisé par une richesse spécifique et une abondance moyennes nettement supérieures à celles des boisements de l’étage montagnard. On observe une faible différentiation de l’avifaune des hêtraies, hêtraies-sapinières et sapinières, ces dernières présentant toutefois un peuplement moins diversifié que celui des hêtraies, conjugué à des différences dans la composition du peuplement avien. Nous mettons par ailleurs en évidence la relative pauvreté de la sapinière-pinède du Marcadau (Cauterets), qui présente une richesse notablement inférieure à celle de toutes les autres formations boisées étudiées. Enfin la pineraie à crochets se distingue par la forte originalité, richesse et densité de son avifaune, accentuées ici par le fort degré d’ouverture du milieu permettant l’installation d’espèces d’écotones.
Deux espèces (Pinson des arbres Fringilla coelebs et Mésange noire Periparus ater) sont constantes (fréquence ≥ 0,5) dans toutes les formations boisées, trois autres (Troglodyte mignon Troglodytes troglodytes, Grive draine Turdus viscivorus et Mésange huppée Lophophanes cristatus) étant également partout accessoires (fréquence comprise entre 0,25 et 0,5) ou constantes. La simplification croissante des peuplements aviens (augmentation de la contribution à l’abondance totale des quelques espèces les plus représentées ; décroissance parallèle de l’indice de diversité de Shannon), depuis la chênaie-hêtraie de piémont jusqu’à la sapinière-pinède de l’étage subalpin inférieur, est à relever. Elle va de pair avec la diminution de la richesse et de l’abondance ponctuelle moyennes au fur et à mesure de l’élévation en altitude. Nos résultats s’accordent globalement avec les informations publiées pour les Pyrénées centrales, avec toutefois une richesse avifaunistique supérieure dans les hêtraies, hêtraies-sapinières et pineraies à crochets échantillonnées.
Étude de l’habitat de reproduction de la Chouette de Tengmalm Aegolius funereus dans les Pyrénées-Atlantiques
Muriel BASTIDE
Résumé. La protection des espèces forestières au cours de travaux sylvicoles passe par une bonne compréhension de leur écologie et des conditions environnementales qui leur sont favorables. Dans cet article, il s’agit de caractériser la structure environnementale des sites de nidification de la Chouette de Tengmalm Aegolius funereus et d’isoler les facteurs propices à son installation dans les forêts des Pyrénées-Atlantiques. En comparant ces sites de reproduction avec des sites dépourvus d’indices de présence de l’espèce, nous avons pu identifier certains de ces facteurs environnementaux.
Cette espèce a systématiquement choisi des forêts implantées sur des versants à exposition froide, composées en majorité de Sapins blancs Abies alba avec pour essence secondaire le Hêtre commun Fagus sylvatica, et caractérisées par une importante surface terrière (m²/ha). Les sites de présence les plus riches en arbres à cavités indispensables à la nidification de l’espèce, se sont montrés être ceux qui rassemblaient le plus de nids de A. funereus. D’autres variables telles que la quantité de bois de gros diamètre retrouvés dans les forêts propices à la nidification, l’altitude ou encore la proportion de zones ouvertes, ne se sont pas avérées être significativement différentes. La prise en compte dans notre étude d’un nombre plus important de sites non occupés par la Chouette de Tengmalm, aurait peut-être pu faire apparaître davantage de caractéristiques environnementales sélectionnées par A. funereus pour sa nidification.
Paramètres de reproduction de l ’Aigle royal Aquila chrysaetos au Pays basque nord : résultats sur une période de 12 ans (2005 – 2016)
Michel CLOUET, Isabelle REBOURS & Luc GONZALEZ (association SAIAK)
Résumé. Les paramètres de reproduction de l’Aigle royal Aquila chrysaetos ont été étudiés pendant 12 années consécutives dans les territoires les plus occidentaux du versant nord pyrénéen. Pour les 80 reproductions contrôlées, la proportion de couples réussissant leur reproduction a varié annuellement de 0 à 50% (moyenne = 37, 13% ± 15,78), la productivité de 0 à 0,67 jeune par couple par an (moyenne = 0,42 ± 0,2), le nombre de jeunes par nichées réussies par an de 1 à 1,33 (moyenne = 1,12 ± 0,15). Parmi les variables retenues pouvant influencer la reproduction, seul le nombre de jours avec enneigement excédentaire en mars et avril exerce une influence négative significative. Le rôle du facteur alimentaire est discuté, l’abondance et la disponibilité des proies paraissant déterminantes sur du succès de reproduction davantage que la spécialisation du régime alimentaire.
Phénologie migratoire du Gobemouche noir Ficedula hypoleuca dans le Bassin de l’Adour
Jean-Louis GRANGÉ & Philippe FONTANILLES
Résumé. Le Gobemouche noir Ficedula hypoleuca est un migrateur commun dans le Bassin de l’Adour et un reproducteur marginal. A l’aide de 3139 données d’observation concernant 7912 individus, nous définissons la phénologie migratoire de l’espèce : dates de passage prénuptial (du 2 avril au 29 mai, moyenne = 27 avril) et postnuptial (1er juillet au 25 octobre, moyenne = 6 septembre), détaillées par quartile. Ces résultats sont mis en perspective avec la phénologie observée ailleurs en France et en Espagne voisine, permettant de conclure à une bonne adéquation du pattern migratoire de l’espèce dans le Bassin de l’Adour avec ces régions.
Phénologie migratoire du Pouillot fitis Phylloscopus trochilus dans le Bassin de l’Adour
Jean-Louis GRANGÉ & Philippe FONTANILLES
Résumé. Cet article caractérise la phénologie migratoire du Pouillot fitis Phylloscopus trochilus, migrateur trans-saharien non reproducteur dans le Bassin de l’Adour sur la base de 2880 données d’observation pour 5314 individus. Les dates de passage prénuptial (3 mars au 28 mai, moyenne = 9 avril) et postnuptial (8 juillet au 16 novembre, moyenne = 5 septembre) sont détaillées par quartile. Nous examinons le pattern migratoire ailleurs en France et en Espagne voisine, mettant en évidence une bonne concordance phénologique entre ces diverses régions.
Cantonnement prolongé de la Fauvette à lunettes Sylvia conspicillata en altitude dans les Hautes-Pyrénées
Jean-Louis GRANGÉ
Résumé. Un mâle de Fauvette à lunettes Sylvia conspicillata a séjourné en altitude (1510 m) près du col de Soulor, dans le département des Hautes-Pyrénées, du 9 au 28 juin 2016 ; il a été observé récoltant du matériau de nid, sans suite, étant resté isolé. Il s’agit de la seconde observation de cette espèce méditerranéenne dans le Bassin de l’Adour. Cette observation est mise en perspective avec quelques autres rares séjours de l’espèce en altitude, hors de sa zone normale de reproduction.
Le Bec-croisé des sapins Loxia curvirostra lèche le salpêtre et le mortier des murs !
Philippe FONTANILLES
Résumé. Le bec-croisé des sapins Loxia curvirostra a été observé léchant le salpêtre et le mortier des murs de refuges de montagne dans le Parc national des Pyrénées. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer ce comportement alimentaire observé aussi dans d’autres massifs mais peu étudié.
Premières observations du Vautour de Rüppell Gyps rueppelli dans les Pyrénées françaises
Jean-Louis GRANGÉ, Dominique MEININGER & Didier LABAN
Résumé. Nous relatons les deux premières observations du Vautour de Rüppell Gyps rueppelli rueppelli dans les Pyrénées françaises, concernant probablement un seul et même individu dans sa deuxième année de vie. Après une description détaillée de l’individu, basée sur des documents vidéo et photographiques, nous rappelons le contexte d’apparition de l’espèce en Europe, ses causes probables et la situation délicate des charognards africains.
Sur un Vautour mystère Gyps sp. observé au Pays basque en février 2014
Aurélien ANDRÉ & Isabelle REBOURS
Résumé. Dans cette courte note, nous relatons l’observation d’un Vautour du genre Gyps très particulier dont l’identification reste, à ce jour, incertaine : description de l’individu accompagnée d’une photo et avis de divers experts en identification des rapaces sont présentés.
Nouvelle observation du Traquet oreillard Oenanthe hispanica au Pays basque
Jean-Claude VIGNES
Résumé : Cette note décrit l’observation d’un mâle adulte de Traquet oreillard Oenanthe hispanica de la forme nominale à Saint-Martin-d’Arberoue (Pays-Basque) le 17 avril 2017. Un récapitulatif des précédentes observations de cette rare espèce est présenté.